Est-ce une bonne idée de rendre obligatoire le congé de naissance ?
La Commission affaires sociales de la Chambre débat actuellement du relèvement du congé de naissance de 10 à 20 jours ou plus et de l’opportunité de le rendre obligatoire. Lors de l’audition du 5 février dernier, les partenaires sociaux ont eu l’occasion d’exposer leur vision (voir à ce sujet l’avis n° 2.154 du Conseil national du travail du 17 décembre 2019).
Quand on sait que 93,8% des pères restent en moyenne 12 jours à la maison après la naissance de leur enfant et qu’un tiers des 6,2% de pères qui ne le font pas le choisissent délibérément, on peut s’interroger sur l’utilité d’une telle obligation (chiffres tirés d’une étude de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (ci-après IEFH)). Nous pensons qu’imposer ce congé n’est pas nécessaire et pas proportionné. Il n’appartient pas aux autorités de déterminer comment les parents doivent organiser leur vie de famille et les soins donnés à leurs enfants. Les parents doivent bénéficier d’une liberté de choix et de garanties suffisantes pour le maintien d’un revenu adéquat pour le ménage.
Outre les 10 jours de congé de naissance, les pères/coparents ont droit à 4 mois de congé parental et 51 mois de crédit-temps. C’est plus que ce qu’accordent les pays scandinaves et les pays voisins. L’allongement à 20 jours coûterait 90 millions EUR à la sécurité sociale ! Nous adhérons à l’objectif des propositions de loi qui visent à encourager les pères/coparents à prendre effectivement leurs jours de congé de paternité/naissance. Mais le coût élevé, le besoin d’une organisation efficace du travail et la liberté de choix du travailleur sont des éléments essentiels dans ce débat. Comme l’indiquent unanimement les partenaires sociaux dans l’avis du CNT, la prochaine étape doit donc consister à identifier les différents obstacles à la prise effective du congé actuel et à élaborer les moyens les plus efficaces d’y remédier.
FEB – La FEB plaide pour une révision globale du système de congé qui favorise l’équilibre entre travail et vie privée, ainsi qu’une plus grande égalité des genres. L’obligation et l’extension du congé de naissance ne peuvent en effet pas être dissociées du congé parental et du crédit-temps. De plus, nous rappelons le rapport n° 76 du Conseil national du travail (15 décembre 2009) qui définissait un fil conducteur très utile – et toujours d’actualité – pour les responsables politiques. D’où l’appel que nous leur lançons : laissez les partenaires sociaux élaborer une proposition globale qui tient compte des besoins actuels de la société et mise sur l’égalité des genres, la simplicité et la transparence, le tout dans un cadre budgétaire neutre.