Conférence sur l’emploi : des recettes qui contribuent à atteindre l’objectif d’emploi

L’accord de gouvernement fédéral vise un taux d’emploi de 80% et prévoit à cet effet d’organiser chaque année une conférence interfédérale sur l’emploi. Cette année, l’accent est mis sur les fins de carrière et des mesures en faveur de « carrières n’obligeant pas les travailleurs plus âgés à prendre une retraite anticipée », comme l’a indiqué le ministre Dermagne. Un choix bizarre au vu des défis rencontrés sur le marché du travail et tout au long de la carrière. Pour parvenir à un taux d’emploi de 80% et surmonter les défis énormes de notre marché du travail, il faudra aller nettement plus loin que ce thème actuel des fins de carrière.


Ineke De Bisschop, COMPETENCE CENTRE LABOUR & SOCIAL SECURITY
09 September 2021

Selon la FEB, cela nécessite à la fois une réponse rapide et le lancement de réformes plus importantes et à plus long terme. Nous formulons ici quelques propositions de réformes prioritaires et de points d’attention à court, moyen et long terme. Il est important d’élargir le débat à l’ensemble de la carrière et à un éventail plus large de points d’action. Une bonne coordination entre les niveaux politiques fédéral et régional est également fondamentale.

À court terme, d’ici à quelques mois :

  • S’attaquer effectivement à l’inadéquation entre les postes vacants et les chômeurs/inactifs :

La Belgique a un taux d’inoccupation très élevé de 3,51% au premier semestre de 2021 et, dans le même temps, un taux de chômage/d’inactivité de 6,7%/31,8%. La suppression de cette énorme inadéquation est une priorité majeure, les services de l’emploi ayant un rôle crucial à jouer pour stimuler l’activation et l’accompagnement. Pour les personnes qui sont plus éloignées du marché du travail, des mesures ciblées doivent être prises pour les réorienter vers le travail. Nous ne devons pas avoir peur des contrats temporaires et intérimaires ; ils constituent un bon tremplin vers l’emploi et un outil important pour répondre au besoin important et urgent de main-d’œuvre dans une économie en redressement.

  • Miser effectivement sur un cadre flexible pour l’e-commerce :

Par ailleurs, nous ne pouvons perdre de vue les glissements au sein de notre économie : le commerce électronique est en constante évolution, mais notre marché du travail et notre réglementation ne suivent pas vraiment. Pourtant, la poursuite du développement de l’e-commerce en Belgique créera des emplois proches de leur domicile pour les travailleurs peu qualifiés et aura donc un impact positif sur le taux d’emploi. Toujours dans l’optique de la relance urgente de l’économie et de la compétitivité internationale de notre pays, il est important que le cadre législatif existant en matière de durée et de temps de travail, y compris le travail de nuit, soit adapté en conséquence, laissant une marge pour des dérogations sur la base d’accords individuels entre l’employeur et le travailleur, conformément à la « nouvelle façon de travailler ». Des projets pilotes concernant une organisation flexible du travail peuvent constituer un instrument utile à cet égard.

À moyen terme, d’ici à la fin de la législature :

  • Réformer effectivement les congés : simplicité et transparence

La FEB préconise une réforme des congés axée sur la simplification, l’harmonisation et l’optimalisation qui soit budgétairement neutre, simple et transparente, peut-être avec moins de possibilités, mais une meilleure rémunération. Dans ce cadre, il faut également encourager un recours égal aux congés par les hommes et les femmes, ainsi que des services d’accueil collectif des enfants professionnels suffisants, financièrement accessibles et de qualité, et ce aussi dans les quartiers défavorisés. Ainsi, les tâches familiales ne constitueraient plus un obstacle au travail.

  • Prévoir effectivement un droit du licenciement activateur : un coup de pouce vers un nouvel emploi

La FEB veut accroître l’employabilité des travailleurs licenciés et veiller à ce qu’ils ne se retrouvent pas au chômage, mais puissent utiliser cette période pour se préparer à un emploi futur. En investissant une partie de l’indemnité de licenciement dans la formation et le recyclage, ces personnes augmentent leurs chances de trouver rapidement un nouvel emploi.

À long terme, mais les fondements doivent déjà être posés aujourd’hui :

  • Rendre effectivement le travail rémunérateur

Travailler permet de s’épanouir, donne un but et une structure et procure un revenu permettant d’atteindre un certain niveau de vie. Nous devons toutefois éviter une situation où travailler est à peine plus intéressant financièrement que ne pas travailler. Il faut donc, d’une part, augmenter la différence entre les salaires et les allocations et, d’autre part, éviter que les gens se retrouvent trop longtemps au chômage ou en inactivité et s’éloignent trop du marché du travail. Là aussi, les services de l’emploi jouent un rôle important, mais la sécurité sociale ne peut être un obstacle au travail. Par ailleurs, les charges sur le travail sont très élevées dans notre pays, avec un fossé excessif entre le brut et le net.

  • Prévoir effectivement des formations : un « viatique de formation » pour tous

L’apprentissage tout au long de la vie profite à la fois au citoyen, au gouvernement et à l’entreprise. Néanmoins, notre pays manque d’une solide culture de l’apprentissage et le fossé entre l’enseignement et le marché du travail est souvent encore trop important. Les responsables politiques doivent donc, d’une part, élargir les ponts entre l’enseignement et le marché du travail et, d’autre part, se concentrer sur l’ancrage d’une culture de l’apprentissage dans chaque individu, qu’il soit actif ou inactif, afin que chacun puisse prendre le contrôle de son propre parcours d’apprentissage. Le développement continu doit devenir un élément central dans la réflexion sur la carrière. Le compte individuel de formation, ou le « viatique de formation », peut constituer un instrument pour stimuler l’employabilité durable et faciliter les transitions. La formation requiert du travail sur-mesure dans le cadre d’une politique de carrière globale.

  • Réintégrer effectivement les malades de longue durée

Avec plus de 400.000 malades de longue durée, la Belgique est confrontée à un défi gigantesque en matière d’incapacité de travail. D’une part, il faut éviter que les gens se portent malades pour une longue période et, d’autre part, s’ils se portent malades, il faut leur apporter un soutien approprié pour qu’ils ne soient pas en incapacité de travail pour une longue période. Nous pensons à quelques mesures cruciales comme un soutien approprié pour le travailleur et l’employeur, l’implication en temps utile des services de l’emploi comme régisseurs du marché du travail, un recours accru à la reprise progressive du travail et le développement des accords-cadres entre l’INAMI et les services de l’emploi. 

Quelques conclusions des groupes de travail thématiques

Pendant la conférence sur l’emploi, cinq groupes de travail thématiques avec les partenaires sociaux ont également eu lieu, qui ont examiné plus en détail le thème de la (fin de) carrière : le genre, la santé, les conditions de travail, les travailleurs peu qualifiés et les questions intergénérationnelles. Cela a donné lieu à des conclusions intéressantes, qui doivent être approfondies. En voici quelques-unes :

- Consensus sur le fait que le débat doit être élargi à l’ensemble de la carrière ;

- Il faut remédier à l’a priori négatif sur le monde du travail en Belgique, surtout dans un contexte international ;

- Il est primordial de faire du sur mesure au niveau de l’entreprise et de ne pas faire du « one size fits all ». Cela vaut à divers égards, notamment la formation et l’accompagnement des travailleurs plus âgés ;

- Il faut miser sur une activation plus vaste : des chômeurs, NEETs, etc., mais aussi sur les transitions d’un emploi à l’autre ;

- L’accent ne peut être mis uniquement sur les personnes qui travaillent déjà (ce qui est notamment le cas pour les formations), mais aussi sur les chômeurs et les inactifs si l’on veut attendre l’objectif d’emploi ;

- Il faut réformer les régimes de congés (les rendre plus simples et transparents) en vue d’un meilleur équilibre entre le travail et la vie privée, encourager les hommes à y recourir davantage et permettre aux parents isolés de prendre plus de congés, tout cela en améliorant l’accès à l’accueil des enfants ;

- Ont également été abordés les thèmes du travail à temps partiel et de l’importance de se concerter sur la flexibilité en matière de temps et de lieu de travail ;

- Importance d’une politique de prévention en matière de santé dès le début de la carrière ; nécessité d’une autre approche du travail pour les travailleurs plus âgés ? Entre autres conditions de travail, formation, etc. ;

- Il faut repenser l’organisation du travail hybride ;

- Une approche ciblée pour la réintégration des travailleurs après une maladie (de longue durée) : démarrer la trajectoire de reprise sans tarder, jobcrafting, importance d’une approche multidisciplinaire et rôle du médecin du travail ;

- Permettre et faciliter la mobilité professionnelle, y compris vers d’autres employeurs ou statuts ;

- La formation et le renforcement des compétences concernent l’ensemble de la carrière et requièrent du travail sur mesure en fonction des besoins de la personne et/ou de l’entreprise. La formation doit également être étendue à l’ensemble de la société : chaque citoyen est responsable du développement et du renforcement de ses compétences. 

FEB – L’accent mis sur la fin de carrière ne nous permettra pas à lui seul d’arriver au taux d’emploi de 80 % qu’il faut absolument atteindre d’ici à 2030. Nous devons faire plus que du bricolage dans la marge et oser élargir le débat à l’ensemble de la carrière, à l’activation de l’ensemble du potentiel de travail et aux défis du marché du travail en tenant compte de la relance et des évolutions au niveau de l’économie et de la société. La sécurité sociale ne fait pas exception : si nous voulons qu’elle reste payable et garantie pour les générations futures, nous devons y contribuer aujourd’hui. À cet égard, l’augmentation du nombre de personnes actives est essentielle. Que cette première conférence sur l’emploi soit le point de départ d’un débat ambitieux et d’actions durables à court et à long terme.

> Lire la note d’input des organisations patronales FEB – Unizo – UCM – Unisoc – Boerenbond

 

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