On n’éteint pas un feu avec de l’essence
Lundi soir, les partenaires sociaux se sont réunis pour une ultime tentative de trouver un accord sur la norme salariale et la répartition de l’enveloppe bien-être. Bien que tous les signaux d’alarme soient au rouge dans les entreprises, nous avons constaté que les représentants syndicaux n’étaient pas disposés à conclure un accord. De cette manière, ils mettent la balle dans le camp du gouvernement. C’est hallucinant !
Nous n’avons pas d’autres mots pour le dire. Ils n’ont plus de circonstances atténuantes. Faire sauter la concertation est facile, mais témoigne d’un sens des responsabilités particulièrement faible, sachant que la liste des chiffres inquiétants s’allonge de jour en jour. Les entreprises sont aux prises avec une fièvre inflationniste sans précédent, le recours au chômage temporaire continue d’augmenter, le travail intérimaire - un indicateur clé du cycle conjoncturel - diminue de mois en mois, et les marges se réduisent de cinq points de pourcentage, ce qui entraîne un gel ou un ralentissement des investissements. La confiance des chefs d’entreprise est en chute libre, ce qui risque de paralyser la croissance économique de notre pays en 2023. Par ailleurs, si la spirale prix-salaires persiste et que l’inflation continue à grimper, une récession sera quasi inévitable en 2023.
Recherché : sens civique constructif
En dépit de la crise économique et sociale alarmante, les syndicats continuent d’exiger que les employeurs débloquent encore plus d’argent pour des primes supplémentaires, alors que chacun sait qu’on ne demande pas aux pompiers d’éteindre un incendie avec de l’essence. Nous ne comprenons d’ailleurs plus très bien quel feu les syndicats veulent éteindre. Il y a d’abord eu l’opposition à la loi sur la norme salariale, mais là, les syndicats ont été dépassés par la réalité. Dans notre pays, les salaires augmentent à hauteur de 5,7% plus vite que dans les pays voisins et pourtant une grève nationale est organisée pour exiger des salaires plus élevés. Selon un rapport du Conseil central de l’économie, il n’y a pas de marge d’augmentation, car le handicap salarial par rapport à nos voisins s’est accru en raison de l’indexation automatique - nos coûts salariaux absolus sont 16% (!) plus élevés que ceux de nos pays voisins. Les syndicats ont ensuite revendiqué un pouvoir d’achat supplémentaire alors que nos gouvernements prenaient déjà des mesures pour cinq milliards EUR. Aujourd’hui, les syndicats descendent donc une nouvelle fois dans la rue pour demander le gel des prix de l’énergie, alors qu’aucun pays ne peut prendre une telle décision seul. Que peut-on encore espérer obtenir ?
« Aujourd’hui, nous avons surtout besoin d’un accord tripartite avec un partage équilibré des coûts »
De plus, dans le contexte actuel, se focaliser exclusivement sur le pouvoir d’achat constitue une menace pour les emplois de demain. Nous avons désormais surtout besoin d’un accord tripartite entre les syndicats, les employeurs et le gouvernement, où chacun assume sa part des coûts, sans les répercuter sur les entreprises (via l’indexation des salaires) et les générations futures (via le déficit budgétaire). Mettre la balle dans le camp du gouvernement, c’est choisir la voie de la facilité et fuir sa propre responsabilité. Une personne dotée de sens civique ne fuit pas l’incendie et veille surtout à ne pas l’alimenter. Chers politiciens, malgré le feu de la bataille, nos fédérations sectorielles membres et nous-mêmes, en tant que plus grande organisation d’employeurs, sommes comme toujours prêts à chercher des solutions ensemble. Pour le bien de tous les habitants de notre pays.