Actualités 07 février 2024

Conférence internationale « santé mentale et travail » − Privilégier l’approche pragmatique

Les 30 et 31 janvier derniers, la présidence belge de l’Union européenne a organisé à Bruxelles une conférence internationale sur la santé mentale et le travail. L’événement a réuni des experts, des partenaires sociaux et des décideurs politiques (dont le commissaire européen Nicolas Schmit et les ministres Petra De Sutter et Pierre-Yves Dermagne) pour aborder la problématique de la santé mentale sur les lieux de travail en Europe.

La conférence a suivi la séquence de la prévention : primaire (prévention), secondaire (détection précoce et intervention) et tertiaire (traitement et retour au travail). La culture de la prévention, la nécessité d’une approche intégrée, un cadre législatif fort au niveau européen, une meilleure anticipation des crises futures et l’importance du dialogue social ont ainsi fait l’objet d’une grande attention.

Au nom des entreprises belges et européennes, Kris De Meester (FEB) a souligné l’importance de se pencher sur la santé mentale. En effet, les entreprises ne peuvent être productives et durables que si elles investissent dans la motivation et la santé de leurs collaborateurs. Cela requiert une politique pragmatique et axée sur les résultats ainsi qu’une approche qui puisse être appliquée dans toutes les organisations, qu’elles soient grandes ou petites, privées ou publiques. Le succès ne vient pas d’une approche ‘technique’ avec des lois, des analyses de risques, des procédures, des formations, mais d’une approche beaucoup plus large qui se concentre sur le travailleur en tant qu’être humain.

Il n’existe pas de solution miracle. Concrètement, il faut trouver un équilibre entre la personne (le travailleur) avec ses compétences (connaissances et aptitudes), ses aspirations (ambitions), ses valeurs et son état de santé et la situation de travail effective (contenu de la fonction, conditions d’emploi et de travail et relations de travail au sein d’une organisation de travail donnée). Employer les travailleurs sur la base de leurs qualités, talents et compétences, en leur offrant suffisamment de possibilités d’adaptation et de développement et en tenant compte de leurs besoins et aspirations personnels, telle est la clé du succès. Ajoutez à cela le fait que les emplois évoluent, tout comme les compétences, et vous comprendrez qu’il s’agit d’un équilibre dynamique qui exige des efforts continus de la part de la direction et des travailleurs eux-mêmes. Kris De Meester a cité en exemple l’approche développée par les partenaires sociaux au sein du Conseil national du travail dans le cadre des projets de prévention du burnout, qui intègre les éléments susmentionnés.

Un sondage auprès des experts présents dans la salle a montré qu’ils optent résolument pour une culture organisationnelle axée sur la prévention plutôt que pour de nouvelles législations (européennes). Les débats politiques ont envoyé un message très différent. Les responsables politiques, clairement déjà en mode électoral, considèrent que la solution vient principalement d’eux-mêmes, avec un plaidoyer à peine étayé par des faits en faveur d’une nouvelle directive européenne sur la santé mentale. Ils ont ainsi fait fi des études présentées par des universitaires plus tôt dans la journée, qui indiquent que la Belgique, avec son approche législative détaillée, enregistre, avec la France, les pires résultats de toute l’Europe… Dès lors, les mots ‘approche intégrée’, ‘se concentrer sur ce qui fonctionne’ et ‘en étroite concertation avec les partenaires sociaux’ sonnent plutôt creux.

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