Actualités 20 décembre 2023

Le paradoxe générationnel des pensions

D’après un article paru dans L’Echo le 14 décembre dernier, les revenus des Belges de plus de 65 ans dépend très largement de la pension légale, qui constitue près de 86 % de leur revenu moyen. Dans le même temps, la moitié des jeunes ne croient pas qu’ils recevront une pension légale. Il est donc grand temps d’agir pour résoudre ce paradoxe car on ne peut abandonner toute une génération.

Le système des pensions repose sur la mise en œuvre d’un « contrat des générations » (implicite) qui lie fortement les générations dans un système de droits et d’obligations réciproques dans le temps. Il est donc hautement préoccupant de lire que la jeune génération ne croit plus dans ce contrat. En même temps, leurs craintes ne sont pas infondées, car c’est un fait, notre système est largement déficitaire et le niveau d’endettement de notre pays est excessif. Dès lors, plutôt que de priver une génération des bénéfices d’une pension légale, il est urgent d’entreprendre dès maintenant les réformes nécessaires pour que les effets s’en ressentent à temps.

Pour la FEB, la réforme des pensions doit viser à restaurer l’équité entre générations et entre citoyens au sein d’une même génération.

Nous proposons donc de travailler sur 2 axes : en premier lieu, il s’agit de retrouver l’ADN de la pension légale, à savoir offrir un revenu de remplacement aux revenus du travail en raison du risque « vieillesse ». Il faut donc remettre le travail au cœur du système et repenser les mécanismes de solidarité existants (ce qui ne veut pas dire que des mécanismes de redistribution ne sont pas nécessaires mais il convient d’éviter que ces mécanismes aient pour effet de dissuader les travailleurs de contribuer au régime) pour faire en sorte que le travail rapporte toujours plus que le « non-travail ».

Il est également nécessaire que le régime renvoie des messages cohérents. Si l’objectif (que nous soutenons) est d’atteindre un taux d’emploi de 80 %, il est indispensable que le régime des pensions soit suffisamment incitatif. Outre la question des périodes assimilées, c’est toute la question des corrections actuarielles dont nous parlions la semaine passée qui se pose ici.

Dans un second temps, force est de constater que les inégalités entre statuts sont marquées en Belgique. Les statutaires reçoivent la moitié des dépenses de pension alors qu’ils sont 5 fois moins nombreux que les salariés. Ces écarts importants s’expliquent par des règles de calcul de pension et de carrière très différentes.

En plus d’être extrêmement coûteux, le régime des fonctionnaires statutaires est aussi très inégalitaire. S’il est vrai que la pension des fonctionnaires a longtemps constitué un salaire différé pour compenser des salaires plus faibles en cours de carrière, aujourd’hui les salaires dans la fonction publique sont comparables à ceux du privé. Dès lors, il paraît difficilement justifiable que des travailleurs qui exercent des métiers aux caractéristiques comparables ouvrent des droits différents selon qu’ils travaillent pour un employeur public ou une entreprise privée. Cela est encore moins compréhensible, lorsque ces différences apparaissent au sein d’une même institution.

Enfin, si tout cela ne suffit pas, il faudra réfléchir à une méthode pour faire évoluer les pensions en cours qui tienne compte de l’évolution de la charge de celles-ci sur les actifs pour faire en sorte que l’effort soit réparti sur une base la plus juste et la plus large possible.

En conclusion, il est grand temps que le régime soit repensé pour offrir des perspectives aux jeunes générations pour qu’elles puissent elles aussi jouir d’une pension légale lorsqu’elles en auront besoin. Cela n’empêche pas que des efforts doivent être poursuivis pour développer un 2e pilier fort et accessible au plus grand nombre de travailleurs possible.

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