Actualités 07 juin 2023

Country Report 2023 : des défis considérables pour la Belgique

Comme chaque année, la Commission européenne (CE) publie son « rapport pays » pour la Belgique (1). Elle y fournit un état des lieux de la situation actuelle et rappelle les défis auxquels notre pays est confronté. Des défis considérables l’attendent en effet tant sur le plan des finances publiques qu’au niveau du marché du travail.  

À côté de ce rapport, elle a coutume d’établir une liste de recommandations. Cette année, la CE formule quatre recommandations spécifiques pour la Belgique :
  • Mettre en place une réforme fiscale pour supprimer les freins à l’emploi et réduire les incitants à ne pas travailler ;
  • Accélérer l’implémentation et la mise en œuvre du plan de relance et de résilience ;
  • Répondre aux pénuries de main-d'œuvre et à l'inadéquation des compétences ;
  • Intensifier les efforts nécessaires à la transition verte.
Le rapport dresse un constat alarmant en ce qui concerne les finances publiques belges. En 2023, le déficit public et la dette publique belge devraient atteindre respectivement -5% et 106% du PIB, et les prévisions à politiques inchangées pour les prochaines années ne montrent guère d’amélioration, en particulier en raison du vieillissement de la population et de son impact sur les dépenses de retraite et de soins de longue durée. La CE ne classe toutefois actuellement pas la Belgique dans les pays présentant un risque à court terme mais bien dans les pays présentant un haut risque à moyen et long terme (voir graphique 1). La CE rappelle également que l'application de la clause échappatoire générale, qui prévoit la possibilité d’un déficit excessif en cas de crise, prendra fin en 2024 et qu’elle proposera d’ouvrir la procédure pour déficit excessif au printemps 2024 pour les pays qui dépassent le critère de déficit de 3% du PIB. Graphique 1 : Ajustement nécessaire par pays pour stabiliser la dette publique - S2 (2) Ajustement nécessaire par pays.png Source : Debt Sustainability Monitor 2022, Commission européenne. La CE pointe la problématique des freins à l’emploi ou des incitants à ne pas travailler. Très nombreux, ils s’expliquent par différents éléments. Le poids de la fiscalité du travail bien plus élevé que dans les autres pays, sauf pour les très bas salaires (voir graphique 2). Dans sa première recommandation, la CE préconise notamment de réformer les systèmes de taxation et de prestations afin de réduire les freins au travail en déplaçant la charge fiscale pesant sur le travail et en simplifiant lesdits systèmes de taxation et de prestations. Graphique 2 : Tax wedge for single and second earners as a % of total labour costs, 2022 Tax Wedge.png La complexité et les spécificités des prestations sociales contribuent également à renforcer l’inactivité, le chômage et les trappes à bas salaires qui existent. Certains avantages dépendent en effet du statut de l’individu et peuvent être perdus lors du retour à l’emploi. Le versement d’allocations de chômage pour une durée illimitée ainsi qu’une réglementation en matière de recherche d’emploi et de disponibilité peu contraignante pourraient réduire l’efficacité des politiques d’activation. Les pénuries sur le marché du travail belge sont parmi les plus élevées en Europe. Pour y remédier, il faut notamment résoudre l’inadéquation des compétences (entre autres, encourager les orientations STEM), s’attaquer au problème d’inactivité des plus de 60 ans (entre autres, la problématique des malades de longue durée) et accroître la participation des adultes à la formation pour améliorer la reconversion professionnelle et l’employabilité. À côté des pénuries et de l’inadéquation des compétences, la Commission recommande de renforcer les politiques d’activation visant à intégrer les groupes défavorisés dans le marché du travail; améliorer les performances et l’équité des systèmes d’éducation et de formation et poursuivre les réformes visant à renforcer la profession d’enseignant. Ces différents axes d’action sur le marché du travail sont plus que nécessaires si l’on veut booster le taux d’emploi, de 72,3% au dernier trimestre de 2022, vers les 80%. (1) Le rapport pays pour la Belgique a été publié le 24 mai 2023 et est disponible à l’adresse suivante (2) S2 est un indicateur de soutenabilité à moyen terme des finances publiques qui donne une idée du risque de soutenabilité budgétaire par pays, il est calculé comme la somme de la situation budgétaire initiale et du coût du vieillissement. 
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