Actualités 08 novembre 2023

Le Conseil central de l’économie publie son Rapport Emploi-Compétitivité

Le lundi 30 octobre 2023, le Conseil central de l’économie (CCE) a publié son traditionnel Rapport Emploi-Compétitivité (ci-après, REC). Pour l’édition 2023, les partenaires sociaux siégeant au CCE se sont accordés pour analyser les causes et les conséquences de l’inflation mondiale. Cette analyse a pour but, d’une part, de mieux faire comprendre la crise inflationniste que nous avons vécue et dont les effets se font encore ressentir aujourd’hui et, d’autre part, de tirer des leçons dans la perspective de la transition vers une économie bas carbone.Une inflation généralisée au niveau mondial…

Le REC commence par nous rappeler qu’un épisode inflationniste, d’une ampleur qui n’a plus été observée depuis les années 70, nous a touchés en 2022. Ce phénomène n’est pas propre à la Belgique mais a été généralisé au niveau mondial. Le REC identifie ensuite les causes de cette inflation, à savoir tout d’abord la hausse des prix des produits énergétiques. En Belgique, comme dans la plupart des pays européens, l’inflation énergétique a été principalement le résultat d’une hausse du prix du gaz (et de l’électricité, les deux étant liés) sur les marchés de gros européens. Cette hausse du prix du gaz s’explique elle-même par l’essor de l’activité économique en Chine (1), l’augmentation du prix du CO2 (2), les niveaux de stockage inférieurs aux normes saisonnières (3) et ‘last but not least’ une diminution de l’offre de gaz naturel par canalisation due à l’invasion de la Russie en Ukraine et aux sanctions qui y sont associées (4). La hausse du prix de l’énergie n’était pas la seule cause de l’épisode inflationniste. Ce dernier est aussi attribuable, dans un second temps, à l’augmentation des prix des produits alimentaires (transformés et non transformés), des services, et des biens industriels non énergétiques, dont les hausses ont résulté d’un contexte de tension entre l’offre et la demande.

… mais plus forte en Belgique et aux Pays-Bas, qu’en France et en Allemagne

L’inflation en 2022 a été toutefois plus forte en Belgique et aux Pays-Bas qu’en France et en Allemagne. Le REC explique que ce résultat est principalement attribuable aux écarts d’augmentation de la composante « gaz et électricité » de l’indice des prix à la consommation. La proportion des contrats fixes (électricité et gaz) en Belgique est plus faible que dans les pays voisins et, quand il y a contrat fixe, il est souvent de plus courte durée (généralement 1 an) alors qu’en Allemagne, les contrats fixes sont souvent de 2 à 3 ans, voire plus. Ensuite, les paramètres d’indexation des contrats variables (indexations plus rapides en Belgique) ainsi qu’un cadre réglementaire différent entre pays expliquent les impacts différents sur l’inflation des prix énergétiques. Enfin, en France, un « bouclier tarifaire », rendu possible par l’organisation particulière du marché de l’électricité français, a été mis en place et a eu pour conséquence de plafonner les prix du gaz et de l’électricité.

Quelles ont alors été les conséquences pour les ménages, les entreprises et les pouvoirs publics belges de l’épisode inflationniste ?

Le REC met en évidence qu’en moyenne, les ménages ont été protégés de la hausse des prix, d’une part, grâce à l’indexation automatique des revenus du travail et des transferts sociaux et, d’autre part, grâce aux mesures gouvernementales qui ont été prises. Comme le montre le graphique 1, issu d’une étude de la KUL, les ménages ont globalement été protégés et certains ménages, appartenant généralement aux déciles de revenus les plus élevés, ont même été surcompensés !

Graphique 1 : Répartition par décile de l’impact de la hausse des prix de l’énergie, de l’indexation et des mesures du gouvernement (en EUR à gauche, et en pourcentage du revenu disponible à droite)

Répartition par décile de l'impact de la hausse des prix de l'énergie_NL_FR.png

Source : Bart Capéau et al. (2022).

Pour les entreprises en revanche, la situation économique est différente. L’évolution du taux de marge macroéconomique (bien qu’étant une mesure imparfaite de la santé des entreprises et qui ne tient pas compte de l’hétérogénéité des secteurs et des entreprises) présentée au graphique 2 l’illustre bien. Après avoir résisté jusqu’au premier semestre 2022, le taux de marge brute des sociétés non financières enregistre une chute brutale au cours du second semestre 2022 et du premier trimestre 2023. Ceci peut notamment s’expliquer par une dégradation du handicap salarial vis-à-vis de nos 3 pays voisins, réestimée dans ce même rapport à 1,7% pour la fin 2024.

Graphique 2 : Évolution du taux de marge des sociétés non financières

Source : ICN, calculs secrétariat CCE.

Enfin, pour les pouvoirs publics, malgré les mesures prises dans le cadre de la crise énergétique, le solde budgétaire s’est amélioré en 2022 par rapport à l’année précédente en raison de la fin des mesures temporaires liées à la crise COVID. Toutefois, même lorsque toutes les mesures temporaires auront pris fin, le déficit public restera important, aux alentours de 4 à 5% du PIB comme l’illustre le graphique 3.

Graphique 3 : Évolution du déficit budgétaire des pouvoirs publics

Déficit budgétaire des pouvoirs publics_FR.png

Source : BNB.

Pour la FEB, les enseignements à tirer de cette analyse du REC sont clairs. Les ménages ont été bien protégés lors de l’épisode inflationniste grâce, d’une part, au système d’indexation automatique des revenus du travail et des transferts sociaux et, d’autre part, à des mesures gouvernementales ponctuelles complémentaires. Ces mesures ne sont toutefois pas la cause de la dégradation de la situation des finances publiques belges. Cette dernière reste préoccupante car attribuable à un déficit structurel (les dépenses étant structurellement supérieures aux recettes). Pour les entreprises en revanche, la situation économique s’est considérablement dégradée et nécessitera inévitablement des ajustements à l’avenir.

> Cliquez ici pour télécharger le rapport complet du CCE

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