Presse 27 juin 2023

Focus Conjoncture : la consommation des ménages en plein essor, la compétitivité des entreprises sous pression

la compétitivité des entreprises sous pression

Deux fois par an, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) interroge ses fédérations sectorielles pour mesurer la température économique. Sur base de cette enquête (menée durant le mois de mai), elle dresse le bilan de la situation économique belge et ses prévisions pour le semestre à venir. L’enquête montre que l’économie belge a un peu mieux résisté au cours des premiers mois de 2023 que ce qui était prévu il y a six mois. Il est toutefois à craindre que ce rebond économique ne soit pas durable, compte tenu d’une inflation sous-jacente élevée persistante qui maintiendra les taux d’intérêt à un niveau élevé pendant un certain temps encore et de la détérioration de la compétitivité des entreprises belges. Un tiers de nos fédérations sectorielles s’attendent à une nouvelle baisse de leur activité au cours des six prochains mois et la moitié d’entre elles prévoient une stagnation.

Conjoncture internationale : une amélioration temporaire, mais pour combien de temps ?

Suite à la normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement, les prix des matières premières se sont détendus à l’échelle mondiale au cours des derniers mois. Par ailleurs, les prix du gaz et de l’électricité ont fortement baissé en Europe, en raison d’un hiver doux et de réserves de gaz importantes. Grâce à ces facteurs favorables, l’économie européenne a un peu mieux résisté que prévu il y a six mois.

Les perspectives internationales restent cependant incertaines. La persistance d’une inflation sous-jacente élevée dans un contexte de marchés du travail tendus contraint les banques centrales du monde entier à relever encore les taux d’intérêt. Cette situation commence à peser sur les investissements des ménages (logement, voitures, meubles, électronique) et des entreprises.

Économie belge : consommation en plein essor…

La dynamique économique a été un peu plus forte ces derniers mois dans notre pays qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple. Cette croissance plus rapide n’est toutefois pas durable, car elle repose sur un certain ‘dopage’ à court terme, avec des conséquences négatives à plus long terme.

Un premier élément est la compensation relativement généreuse de la hausse des prix de l’énergie accordée à la quasi-totalité des ménages (réductions de TVA, paquet de base…) en plus d’un ensemble déjà très vaste et pleinement indexé de prestations sociales, auxquelles s’ajoutent systématiquement les adaptations au bien-être.

Un deuxième élément est bien sûr notre système généralisé d’indexation automatique des salaires qui a permis de compenser (plus que) entièrement l’inflation élevée pour les travailleurs et les fonctionnaires. Le revers de la médaille est qu’en 2022-2023, les coûts salariaux des entreprises belges auront augmenté d’environ 5 % de plus que dans nos trois pays voisins, avec toutes les conséquences que cela implique pour la compétitivité et la rentabilité des entreprises belges.

… entreprises sous pression

Dans les mois et les années à venir, les augmentations relativement fortes des coûts pour les entreprises belges entraîneront toutefois une inflation sous-jacente élevée persistante sur le marché national et une hausse relativement importante de nos prix à l’exportation. Par conséquent, la contribution des exportations nettes à la croissance restera nettement négative pendant encore plusieurs années.

Par ailleurs, notre pays doit également procéder à un assainissement plus que nécessaire de ses finances publiques dans les années à venir, ce qui pourrait également affecter la croissance économique. Tout cela hypothèque sérieusement le potentiel de croissance de l’économie belge à long terme.

C’est maintenant qu’il faut agir pour éviter le scénario des années ‘70

Dans ce contexte difficile d’inflation sous-jacente élevée persistante, de compétitivité affaiblie, de baisse de la rentabilité des entreprises, de pénuries aiguës sur le marché du travail et de détérioration des finances publiques, les décideurs politiques seront encore confrontés à un certain nombre de défis cruciaux au cours de la dernière année de la législature.

La première priorité est d’élaborer au plus vite un plan audacieux pour éliminer le handicap de compétitivité accumulé en 2022-2023 par rapport à nos trois voisins. Il serait notamment judicieux de rendre structurelle la réduction temporaire de 7,07 % des cotisations patronales prévue pour le premier semestre de 2023, par exemple sous la forme d’une réduction permanente de 3,54 % des cotisations patronales. Cela permettrait déjà de réduire notre handicap de compétitivité d’environ un point de pour cent.

Un suivi semestriel de notre handicap de compétitivité par rapport aux trois pays voisins par le CCE devrait également nous permettre d’évaluer s’il évolue dans la bonne direction. Si ce n’est pas le cas, des mesures plus drastiques telles qu’un saut d’index, un index en centimes plutôt qu’en pour cent ou l’utilisation de la masse indiciaire à des fins plus utiles (par exemple pour développer davantage les pensions du 2e pilier) deviendront nécessaires (peut-être lors de la prochaine législature).

Nous avons également besoin, le plus rapidement possible, de clarté sur notre approvisionnement énergétique à long terme. C’est en effet essentiel pour pouvoir garantir à terme des prix énergétiques raisonnables. Un accord clair sur le maintien en activité des centrales nucléaires les plus récentes et donc aussi une modification de la loi sur la sortie du nucléaire sont cruciaux à cet égard.

La réforme fiscale ne peut en aucun cas entraîner de nouvelles augmentations de coûts pour les entreprises. Une réduction de l’impôt des personnes physiques devrait être financée au sein même de cet impôt ou via une réduction des dépenses publiques, et non en imposant des charges supplémentaires aux entreprises, qui aujourd’hui déjà rencontrent des difficultés.

Et, de manière plus générale, ce gouvernement devra s’atteler à l’indispensable assainissement des finances publiques. Il est grand temps de vivre selon nos moyens.

Enfin, les pénuries sur notre marché du travail restent actuellement à ce point aiguës qu’un certain nombre de réformes de notre marché du travail, et en particulier d’un certain nombre de systèmes qui rendent attrayant le fait de ne pas travailler ou de travailler moins, sont plus nécessaires que jamais.

Nous espérons fermement que le gouvernement fédéral fera encore quelques pas supplémentaires dans la bonne direction au cours de la dernière année de son mandat, empêchant ainsi au cours des prochaines années notre pays de glisser structurellement vers un avenir avec moins de croissance. Pour les entreprises belges, il faut absolument éviter un scénario comme celui des années ‘70.

~ Pieter Timmermans, CEO de la FEB

Vous trouverez l’enquête en intégralité ici.

Partagez cette page:
This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.