Opinion

Une économie grippée

La semaine n’a pas été très bonne pour l’économie belge et ses entreprises. En effet, il devient de plus en plus évident que notre tissu économique est soumis à une pression croissante. Le Bureau fédéral du Plan s’attend à ce que la croissance belge retombe à 1% cette année, contre 3,2% l’an dernier. Il prévoit également que le déficit budgétaire atteindra 30 milliards EUR l’année prochaine, ce qui – sauf miracle – rendra inévitable le passage par la case ‘condamnation européenne’. Par ailleurs, les coûts salariaux devraient augmenter de 7,9% en 2023 et poursuivre leur croissance de 4,3% en 2024. En résumé, les nouvelles ne sont donc pas réjouissantes pour la compétitivité de notre pays. 

La belgique va devoir faire face à une crise de compétitivité d’une ampleur considérable

Selon le Bureau fédéral du Plan, notre pays a pu éviter une récession malgré le ralentissement de la croissance, contrairement à d’autres États membres de la zone euro. Cependant, cette situation s’apparente dangereusement à une traversée du désert, car notre résilience économique ressemble de plus en plus à un mirage. 

Entre 2020 et 2024, les coûts salariaux des entreprises auront augmenté de pas moins de 26%. La demande intérieure reste à niveau grâce à l’indexation automatique, mais au prix d’un coût particulièrement élevé. En tant que petite économie ouverte et orientée vers l’exportation, nous nous excluons nous-mêmes du marché. 

Le boomerang des réformes non structurelles

À l’instar de la compétitivité de la Belgique, le budget de notre pays est également soumis à une pression particulièrement forte. Les crises exceptionnelles que sont la pandémie de COVID-19, la crise énergétique et la guerre en Ukraine n’ont certes pas été bénéfiques pour le budget. Mais c’est surtout en raison de mesures tardives et peu énergiques que notre budget risque aujourd’hui un sérieux dérapage.

Au cours de cette législature, un taux d’emploi de 80% était le Saint Graal pour assainir notre budget et maintenir la viabilité financière de nos pensions. Or, le deal pour l’emploi semble surtout être un coup dans l’eau. L’accord sur les pensions n’était lui aussi qu’une réforme limitée, dont le point culminant était une adaptation restreinte de la péréquation des pensions publiques. Si aucune des réformes structurelles nécessaires n’est amorcée, les conséquences risquent bien de nous revenir au visage comme un boomerang.

Un cocktail explosif

Face à l’érosion de la compétitivité, au ralentissement de la croissance et au dérapage des coûts salariaux, les entreprises ont maintenant besoin de mesures énergiques. On ne peut attendre des entreprises qu’elles contribuent à nouveau à la consolidation du budget. À l’approche des élections, tous ces éléments forment un cocktail particulièrement dangereux et explosif, qui fait planer la menace d’un déclin économique. En outre, si les cartes ne se combinent pas bien lors de la formation d’un nouveau gouvernement à la suite des élections de 2024, nous pouvons craindre un immobilisme complet. Or, c’est précisément la dernière chose dont nos entreprises ont besoin.

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