Actualités 08 juin 2023

La « sobriété » signifie-t-elle la fin de la croissance ?

En 2020, lors de son 125e anniversaire, la FEB avait repensé sa stratégie et vision à long terme afin qu’elles soient au plus près des défis évolutifs de notre époque. La FEB a en effet à cœur d’avoir un rôle de boussole pour les entreprises et d’indiquer la voie à suivre en qualité de guide et de pionnière. Sa baseline décrit d’ailleurs bien son identité renouvelée : creating value for society. Un centre de compétence Durabilité & Economie circulaire était par ailleurs créé en vue d’intégrer la composante « durable » dans l’ensemble des thèmes portés par l’organisation.

Les entreprises doivent créer de la valeur pour la société : ne plus avoir comme seul objectif le profit (bien qu’il soit indispensable) mais également apporter de la valeur environnementale et sociale, en promouvant un entrepreneuriat éthique, respectueux de l’homme et de l’environnement. Intérêts économiques et sociétaux sont complémentaires et interconnectés. Face à ce nouveau paradigme, nous sommes persuadés que les entreprises font partie de la solution, en tant que fournisseurs de solutions. Mais seules, elles ne peuvent rien ; tous les acteurs doivent travailler main dans la main – autorités, société civile et citoyens. La transition ne pourra se faire que si chacun prend sa part de responsabilité et que les droits et obligations de chacun sont équitablement partagés.

Un dialogue plus étroit entre parties prenantes

Être un acteur pertinent au niveau sociétal implique de développer un dialogue plus étroit entre parties prenantes. Lors de la réunion de son comité stratégique, composé d’une soixantaine de chefs d’entreprise, la FEB a organisé une rencontre entre ceux-ci et des représentants de deux fédérations d’ONG environnementales, Canopea et Bond Beter en Leefmilieu. Le thème du jour :  la sobriété, un thème dont il est peu coutume de débattre à la table d’un board… C’est aussi que ce thème de la sobriété est au cœur du dernier rapport du GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Selon le GIEC, « la sobriété est un ensemble de politiques publiques et de pratiques du quotidien qui évitent en amont la demande de ressources naturelles (énergie, eau, matériaux, sols…) tout en garantissant le bien-être de tous dans le respect des limites planétaires ». Dès lors, ce concept de « sobriété » signifie-t-il « décroissance » ? Ou découplage du PIB et de l’impact environnemental ? Mais comment assurer les coûts des pensions, de la sécurité sociale, des innovations technologiques nécessaires sans croissance économique ? Ce sont là quelques-unes des questions débattues. Premier constat partagé : une partie prenante seule n’a pas toutes les réponses et, pour répondre à des défis complexes et interreliés, il faut une collaboration étroite. Deuxième constat : l’état de la planète et la nécessite de changer le business as usual. Pour cela, des investissements très importants seront nécessaires, notamment en recherche et en innovation. Enfin, troisième constat : une réglementation bien pensée, claire et adéquate est nécessaire pour accompagner cette transition. Ce qui n’est pas toujours le cas dans le chef du business, malheureusement.

Pas (encore) de consensus sur les solutions

Les deux ONG invitées ont encore soulevé plusieurs points. La technologie n’est pas toujours utilisée au service de la réduction des impacts environnementaux. Parfois des innovations peuvent au contraire mener à une augmentation de ces impacts, par exemple si l’objectif est de faciliter l’exploitation de nouvelles sources d’énergies carbonées. Par ailleurs, des effets rebond sont observés dans certains secteurs : les gains d’efficacité sont alors compensés par une augmentation de la consommation totale. D’où la nécessité d’inclure la sobriété et de faire plus appel à la low-tech, une approche d’innovation moins complexe mais plus résiliente. Les ONG en appellent à la décroissance en termes de ressources, mais pas forcément de PIB. Pour elles, il est cependant nécessaire de passer à un modèle post-croissance en utilisant des indicateurs alternatifs, liés au bien-être et à la soutenabilité, et ne plus viser à tout prix l’augmentation du PIB.

Il est indispensable de définir une vision commune, mobilisatrice et cohérente

Les débats furent riches des deux côtés. Les constats font globalement consensus, mais les avis divergent sur les solutions à développer. Il est pourtant indispensable de définir une vision commune, mobilisatrice et cohérente. Nous devons tendre vers une société atteignant la neutralité climatique en 2050, ne laissant personne de côté, s’appuyant sur une économie performante, organisée efficacement, aux finances publiques saines et où chaque individu a des droits et des devoirs. Toutes les forces vives de la FEB travaillent dans ce sens, avec la ferme volonté de faire avancer les entreprises dans un monde en pleine transition sans tomber dans la caricature, et ce, de manière holistique et multidisciplinaire.
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