Opinion

Pour atteindre l’objectif d’un taux d’emploi de 80%, il faut oser élargir le débat

Le 21 septembre 2023, Pierre-Yves Dermagne, Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et du travail, et Marie-Colline Leroy, secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, ont organisé la troisième conférence annuelle sur l’emploi. Cette année, le thème central était la participation des femmes au marché du travail. La FEB a pris part à cette conférence et estime que de nombreuses améliorations sont possibles dans ce domaine. Par ailleurs, elle s’interroge sur l’ambition de cette conférence annuelle. Elle déplore que le débat n’ait pas été élargi pour inclure les problèmes plus importants ainsi que les obstacles structurels que connaît notre marché du travail actuel.

Le fossé se rétrécit, mais une attention particulière est nécessaire

Des analyses du Conseil supérieur pour l’emploi datant de janvier 2023 montrent que le taux d’emploi des femmes a fortement augmenté au cours des dernières décennies, divisant ainsi par trois l’écart entre hommes et femmes. Celui-ci s’élève maintenant à un peu moins de 8 points de pour cent (68,1% de femmes contre 75,7% d’hommes en 2022).

Le marché du travail reste cependant encore fort segmenté. Les femmes ont tendance à davantage travailler dans certains secteurs d’activité (services aux personnes, santé et éducation) et cela est souvent en lien avec des choix d’études différents (à la base). Les femmes travaillent également plus souvent à temps partiel que les hommes. La structure familiale influence leur participation. On observe également qu’elles consacrent généralement plus d’heures au travail non rémunéré (tâches ménagères, éducation des enfants…).

Recommandations

Afin d’accroître la participation des femmes au marché du travail, la FEB a formulé des recommandations dans plusieurs domaines. Ainsi, il convient de continuer à encourager la participation des filles à des programmes d’études tels que les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques. Et inversement pour les garçons. La différence s’installe en effet bien avant l’entrée dans le monde professionnel. Dès lors, il convient d’éviter d’éventuels stéréotypes au sein des métiers en intégrant davantage de stages et des moments d’échanges entre les entreprises et l’enseignement. De même, d’autres secteurs connaissent aujourd’hui des problèmes majeurs et nécessitent des efforts ciblés pour attirer davantage de personnes.

Il faut également s’efforcer de réformer les nombreux régimes de congé pour les faire évoluer vers une prise de congés égale pour les hommes et les femmes. Il y a lieu en outre de continuer à soutenir la pleine participation des femmes au marché du travail et de parvenir à une répartition plus équitable du travail rémunéré et non rémunéré entre les hommes et les femmes. Enfin, il faut proposer des systèmes de garde d’enfants de qualité, accessibles, en nombre suffisant et à un prix abordable afin d’améliorer l’équilibre vie privée-vie professionnelle.

L’ambition et les accents de la conférence sur l’emploi restent trop timides

Lors de la conférence, les partenaires sociaux ont également eu l’occasion d’exposer certaines initiatives déjà lancées par les secteurs en faveur de la participation des femmes. Ainsi, le projet « Femmes et Construction » pour le secteur de la construction et Wo.Men in Finance de Febelfin ont été présentés en guise de bonnes pratiques. Par ailleurs, Agoria, qui possède une grande expertise avec Women in Tech, a participé au panel, conjointement avec Unisoc et la FEB.

Les conférences sur l’emploi ne sont pas assez ambitieuses

Enfin, la FEB regrette qu’à l’instar des éditions précédentes, l’ambition et les accents de la conférence sur l’emploi restent trop timides. L’accent mis sur la participation des femmes au marché du travail pourrait et devrait être amélioré, mais cela ne suffira pas pour atteindre le taux d’emploi indispensable de 80% d’ici à 2030. Nous devons oser élargir le débat à l’ensemble de la carrière, à l’activation de l’ensemble du potentiel de main-d’œuvre et aux défis du marché du travail en tenant compte des évolutions au niveau de l’économie et de la société.

Lire aussi, sur ce site, l’analyse des partenaires sociaux européens : Réduire le taux d’inactivité en Europe : quelles pistes fonctionnent ?

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