Opinion

Construire un paradis social sur un cimetière économique est une illusion

En 1985, le président de la Commission Jacques Delors avait pris l’initiative de lancer un dialogue social européen. Tout a commencé par une invitation aux partenaires sociaux européens à s’asseoir autour de la table au célèbre château de Val Duchesse, pour discuter des questions sociales les plus urgentes. Près de 40 ans plus tard, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le Premier ministre De Croo ont à nouveau invité les partenaires sociaux européens − dont la FEB − au même endroit en début de semaine, pour débattre d’une autre question sociale brûlante : les défis du marché du travail.
© European Commission, 2024 | Christophe Licoppe

Un dialogue socio-économique

Dans mon discours à Ursula von der Leyen, au Premier ministre De Croo et aux délégations présentes, j’ai souligné l’importance du dialogue social. Il s’agit en effet d’un des fondements du modèle social européen. Cependant, sa finalité doit faire l’objet d’une analyse en profondeur. En d’autres termes, quel doit être le contenu du dialogue ?

Voulons-nous que le dialogue social européen soit une lecture unilatérale du Socle européen des droits sociaux ou préférons-nous opter pour une approche globale en ayant conscience que cela ne peut se faire sans une nouvelle politique industrielle basée sur l’amélioration de la compétitivité de notre économie et sans un approfondissement du marché intérieur ?

Les employeurs plaident vivement en faveur de cette seconde option, car la réalité reste qu’on ne peut pas construire un paradis social sur un cimetière économique.

Une réglementation excessive freine la croissance

Il ne faut pas oublier que, durant cette législature européenne, la réponse de la Commission européenne à la loi américaine sur la réduction de l’inflation et à la baisse de compétitivité des entreprises européennes a été maigre. L’accent n’a pas été suffisamment mis sur la création d’un cadre d’investissement plus attrayant ni sur le rétablissement de la compétitivité des entreprises. Les chiffres en disent long à ce sujet.

Ainsi, en 2008, le PIB des 27 États membres de l’Union européenne (16.200 milliards de dollars) était supérieur à celui des États-Unis (14.700 milliards de dollars). Les chiffres de 2022 montrent que l’UE a fait du sur place (PIB de 16.700 milliards de dollars) et cédé son avance aux États-Unis (PIB de 25.400 milliards de dollars).

Par ailleurs, la masse de réglementations européennes entrave la croissance de nos entreprises. Entre 2017 et 2022, elles ont dû traiter près de 5.422 pages de directives, décisions et règlements nouveaux. Autant de temps et d’énergie qu’elles ne peuvent pas investir dans la création de valeur et la croissance.

Il semblerait que l’Europe accorde plus d’importance aux règles qu’à la création de valeur et à la croissance

Ne commettons donc pas deux fois la même erreur et considérons les deux thématiques (sociale et économique) comme un tout indissociable. Nous pouvons redynamiser le dialogue entre les interlocuteurs concernés en élargissant le dialogue social à un dialogue socio-économique. C’est en effet là le véritable enjeu pour l’avenir de l’Europe.

D’ailleurs, nous allons joindre l’acte à la parole. La FEB formulera bientôt un certain nombre de propositions pour que l’Europe puisse redevenir le moteur de la croissance et de la prospérité. Continuez donc à nous suivre !

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